Eloge de la négligence
« Fronton a été le plus philosophe de tous les philosophes de son temps. Il avait bon cœur, il aimait, il compatissait et sa compassion était efficace. » (Giacomo Leopardi) Du grand orateur qu'était Fronton (vers 95-166 apr. J.-C.), il ne reste qu'un ensemble de lettres, redécouvert et publié au XIXe siècle. Parmi elles, les plus belles sont celles adressées à l'empereur Marc Aurèle dont Fronton était le précepteur. La correspondance entre les deux hommes nous touche par sa dimension affective. Elle revêt aussi et surtout un caractère pédagogique. Ainsi les éloges paradoxaux, dont l'«Éloge de la négligence» est le meilleur exemple, font partie de l'éducation rhétorique de l'empereur. Fronton craint – d'abord chez l'élève laborieux trop plein de zèle – et ensuite, chez l'empereur ennemi du repos et du divertissement, un dangereux penchant au dogmatisme. Fronton déploie dans ces textes toute sa verve rhétorique avec légèreté et finesse d'esprit.