Correspondance
Quand Marcel Proust rencontre Anna de Noailles à la fin du XIXe siècle, celle-ci est auréolée d’une gloire à la fois poétique et mondaine que viennent encore rehausser sa jeunesse et sa beauté. Avant même de connaître ses poèmes, Proust est séduit par cette jeune partisane de la cause dreyfusarde, avec laquelle il partage en outre la constitution fragile qui fera d’eux des reclus magnifiques, isolés dans leurs chambres de liège. De 1901 à 1922, les lettres qu’ils échangent témoignent de leur amitié profonde et de leur commune admiration, de la façon dont ils se sont lus et influencés l’un l’autre. Le « Poète femme » et le romancier semblent se confondre quand Proust devient lui-même, aux yeux d’Anna de Noailles, le « prince persan sur la fleur de lotus » auquel il la compare dans la Recherche, où elle apparaît sous les traits d’une « princesse d’Orient, qui disait-on, faisait des vers, aussi beaux que ceux de Victor Hugo ».