Le grand dehors
Que serait un texte qui, plutôt que de nous prendre les mailles d'une histoire, nous ouvrirait de tels espaces ? Je rêve, à Duncansby, devant la mer, d'une langue allégée des us et des coutumes, de tout ce qui nous pèse aujourd'hui et nous lie, d'une langue qui vibrerait dans les vagues et le vent, d'une langue qui nous serait comme un envol d'oiseau."
Nous savons, aujourd'hui un peu mieux qu'hier, de quoi meurt la littérature : de se faire la servante des idéologies sous le prétexte d'engagement, de se noyer dans le trop-plein de soi sous le prétexte de psychologie, ou de se satisfaire de n'être plus que "littérature" - jeux de mots. Lui reste peut-être, pour retrouver élan et énergie, à «retrouver le monde»...
Un essai ? Plutôt faudrait-il dire un livre de voyage, à sa manière, dans le "continent littérature", une rêverie sur l'art de la fugue, un précis de philosophie vagabonde, pour nous faire éprouver à notre tour, sur les pas d'Audubon, de John Muir, de Stevenson - et de tant d'autres - l'«allégresse du Grand Dehors».